Labradorimiut
Originaire de Tikigâksuagusik (Rigolet)
Région désignée des Inuvialuit
Au début des années 2000, Shirley Flowers a raconté son histoire à l’école Yale dans le cadre de l’exposition « Where are the Children » de la Fondation autochtone de l’espoir, une exposition itinérante et en ligne organisée par l’artiste iroquois Jeff Thomas. L’exposition présente le système des pensionnats canadiens au travers de documents d’archives et de récits des survivants. Ce qui suit est extrait d’une transcription du témoignage vidéo de Shirley Flowers, qui a été présenté dans le cadre de l’exposition. Dans ce témoignage, elle décrit son histoire à l’école Yale.4
Dans une partie de son témoignage dans le cadre de l’exposition « Where are the Children », Shirley Flowers décrit les obligations quotidiennes strictes à l’école en répondant à la journaliste que
R. Selon ce qu’on avait à faire, je pense qu’on devait se lever à 7 heures peut-être —
— Shirley Flowers est submergée par l’émotion
Nous devions effectuer toutes les corvées domestiques. Si nous travaillions dans la cuisine, nous devions nous lever pour préparer le petit-déjeuner et nous occuper des personnes à table avec nous. J’avais treize ans et j’étais considérée comme une grande fille, donc nous devions servir les garçons, les plus jeunes, quiconque était à notre table.
Nous devions effectuer nos corvées domestiques tout au long de la journée, car nous devions entretenir l’école. Nous faisions le ménage et tout.
La nuit, nous nous consacrions aux études. Nous avions peu de temps libre pour sortir et faire ce que nous voulions.
Interrogée sur la nourriture à Yale, Shirley Flowers se souvient que
R. Il n’y en avait pas assez. J’ai appris à voler. Si c’était mon tour dans la cuisine, je volais de la nourriture, et j’en volais assez pour d’autres enfants. Il y avait des aliments que je n’avais jamais vus avant, car j’avais l’habitude de manger de la viande d’animaux sauvages et des choses comme ça. Je n’ai pas aimé ça.
R. Dans le dortoir, nous étions environ soixante-dix, je crois. Il y avait deux bâtiments. L’un des bâtiments était pour les petits enfants et l’autre, le plus grand, où j’étais, abritait les plus grands. Mais même là, il y avait une séparation entre les grandes et les petites filles, peu importe. Il y avait des groupes d’âge, probablement de 5 à 16 ou 17 ans, peu importe.
Shirley Flowers décrit son histoire au pensionnat comme « terrifiante » en disant à la journaliste que
R. C’était terrifiant de quitter la maison. Je pense que, pour ma part, j’ai ressenti certaines de ces choses avant de partir, l’angoisse et le fait de voir ma mère pleurer quand mes frères et sœurs sont partis. Je pense que j’en ai été affectée avant de partir à l’école. Je me souviens d’avoir vécu cela en partie, d’avoir vu mes frères et sœurs revenir à la maison et ils étaient censés être ma famille, mais c’étaient des étrangers. Ils revenaient à la maison et c’étaient des étrangers, alors que nous faisions partie de la même famille.
Et puis le fait de savoir que j’allais… Certaines des histoires que les gens racontaient, le travail difficile, et tout le reste, ne pas être libre et ne pas pouvoir avoir de contact avec sa famille était terrifiant. J’avais toujours peur que quelqu’un meure et de ne jamais pouvoir revoir cette personne ou arriver avant qu’elle ne meure, avant que je puisse rentrer à la maison.
Q. Pouvez-vous nous parler de la fois où vous avez fugué et comment cela s’est passé? Qu’est-ce qui vous a poussée à vous enfuir?
R. D’une certaine manière, même quand j’étais petite, comme je vous le disais, je voyais ma mère pleurer, je savais que quelque chose n’allait pas. Je pensais « Il y a quelque chose qui ne va pas. Ils ne peuvent pas nous emmener et nous éloigner comme ça. » J’avais presque l’impression d’être en prison quand j’étais là-bas. Ils ne peuvent pas me faire ça.
Parlant de sa fugue et de son retour à la maison, Shirley Flowers se souvient que
Q. Avez-vous été attrapée après avoir fugué et avez-vous été obligée d’y retourner?
R. Non.
Q. Êtes-vous rentré chez vous?
R. Je suis rentrée chez moi.
Q. Comment c’était, de retourner auprès de votre mère?
R. C’était bien. Je suis rentré chez moi. Je suis restée à la maison cette année-là, mais je suis retournée à l’école après ça et j’ai terminé ma scolarité.
En 2011, dans son témoignage devant la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, Shirley Flowers a déclaré que « le pensionnat faisait partie d’un plan plus général de colonisation. C’était intentionnel; les écoles existaient dans le but de changer les gens, de les rendre semblables aux autres et de les rendre inadaptés. Et aujourd’hui, vous savez, nous devons apprendre à décoloniser. »5
Arctic Focus (en anglais seulement)
Labrador Heritage Museum : Brefs aperçus (en anglais seulement)
The Rooms : Les archives comprennent de nombreuses photographies numérisées et des enregistrements des récits des survivants (en anglais seulement)
Rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada : Avec des témoignages de survivants
Heather Igloliorte, « We were so far away » : The Inuit experience in residential schools (Ottawa : Legacy of Hope Foundation/Fondation autochtone de l’espoir, 2008. Avec des témoignages de survivants.
Fondation autochtone de l’espoir
Excuses (en anglais seulement)
« Among the Deep Sea Fishers » : Publication de l’Association internationale Grenfell. Présente les points de vue de l’IGA sur les écoles. (en anglais seulement)